Tony Taillandier : “Entrer en procédure amiable ou collective est une démarche positive pour une entreprise”

Tony Taillandier est directeur à temps partagé chez Atlays, responsable du pôle Restructuring. Habitué des procédures amiables ou collectives, il nous explique pourquoi ce sont des outils indispensables pour les entreprises.

Les procédures collectives sont en augmentation dans tout le pays. 65 000 ont été annoncées pour 2024, contre 55 000 les dernières années. Faut-il s’inquiéter ?

Ces chiffres ne sont pas une surprise. Cette vague de procédures collectives est liée à un rattrapage après la période COVID pendant laquelle les entreprises ont été relativement protégées, notamment avec les PGE (prêts garantis par l’État). Mais, contrairement à ce qu’on peut entendre, entrer en procédure n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour une entreprise ! C’est une démarche positive.

Vous estimez que les procédures collectives ou amiables peuvent être une bonne chose pour une entreprise ?

Ces procédures sont habituellement redoutées. Les dirigeants craignent le pire pour leur entreprise. Beaucoup pensent que « procédure collective ou amiable » rime avec « liquidation judiciaire ». Car peu d’entre eux les connaissent vraiment et les ont pratiquées. Dans les faits elles sont un levier unique pour pérenniser l’activité, les emplois, soutenir l’innovation et même financer un rebond ou un pivot d’activité. Nous avons accompagné un grand nombre d’entreprises en procédures collectives ou amiables : leurs effets sont souvent spectaculaires.

En termes concrets, quels avantages voyez-vous à avoir recours à ces procédures ?

Les procédures amiables et collectives peuvent donner lieu à :

• Un gel des dettes et des poursuites
• Une restructuration de la dette
• La protection des salariés avec l’AGS (régime de la garantie des salaires)
• La protection juridique des dirigeants limitant leur responsabilité personnelle
• Une amélioration de la gestion et de la rentabilité
• De nouveaux financements et investissements.

Bref, ce sont des outils puissants – et uniques en leur genre – à la disposition des dirigeants pour travailler à la survie et à la pérennité de leur société. Sans ces outils, beaucoup d’entreprises seraient condamnées.

Quel rôle jouez-vous avec Atlays ?

Nous ne sommes ni juristes ni administrateurs judiciaires ; nous gérons la crise de liquidités sur le plan financier et opérationnel. Atlays a accompagné ainsi plus de 100 entreprises pour des missions de restructuring allant du mandat ad hoc au redressement judiciaire, en passant par la procédure de conciliation et la procédure de sauvegarde. Aux côtés des administrateurs judiciaires et de nos avocats partenaires, nous mettons à disposition de nos clients nos expertises clés (Finance, Restructuring, RH, DG mais aussi Marketing et Vente) pour faire de ces difficultés des opportunités.

Un dernier mot ?

Dans la grande majorité des cas, le timing joue un rôle critique dans le niveau de succès de ces procédures : nous ne pouvons qu’inciter les dirigeants à anticiper et à se faire accompagner dès les premiers signaux. Il n’est jamais trop tôt pour se faire aider, mais il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard !